Un endroit bien étrange

Fasold se leva en entendant quelqu'un frapper à l'entrée du repaire. Il se déplaça en s'appuyant sur sa canne qui désormais ne le quittait plus.

"C'est pour quoi ?"

Elle regarda discrètement la canne, un peu étonnée, mais se repris vite. Elle était là pour livrer un message, après tout, et même si cette fois-ci elle n'était pas payée pour, c'était important.

Il était temps de s'y mettre. Elle pris son air le plus officiel - elle était jeune, après tout, et elle avait lu beaucoup de mauvais romans, ce qui l'amenait à surjouer un peu.

- Bonjour, je viens vous apporter une importante communication de la part de ma meute, les Errants. Puis-je entrer ? Il fait un peu froid ici...

C'était en partie vrai, bien sûr, mais elle n'aimait surtout pas rester devant les portes.

Le vieux Démoniste s'écarta légèrement et fit signe de rentrer à la jeune personne.

"Bronrah ! Rapporte un thé chaud à notre invitée !", grogna-t-il.

Sur ces mots, une succube sortit d'une pièce attenante en remuant les fesses nonchalamment, l'air mutin. Fasold fit un signe discret de la main et la Succube disparut dans un couloir qui devait mener aux cuisines.

"Prenez place où vous voulez, et dites moi ce qui vous amène..."

Le vieil Orc se déplaça jusqu'à son siège où il se laissa presque tomber en poussant un soupire. Devant lui, un vieux grimoire était ouvert sur une table basse. Un murmure accompagné d'un mouvement rapide de la main parcheminée du Sage et le livre se referma.
Fasold sourit et ses yeux se firent curieux.

L'Elfe tenta de masquer la lueur de peur et de dégoût qui s'était allumée dans ses yeux à la vue de la succube. Elle espérait y avoir réussi - elle venait en émissaire pacifique, et non pour déclencher une guerre dont les siens sortiraient probablement perdants.

A l'invitation du démoniste, elle commença par s'asseoir par terre, avant de se souvenir que ce n'était pas des choses à faire, et une seconde plus tard, elle était assise sur un siège proche, le rouge aux joues. Pour tenter de masquer sa gêne, elle répondit à la question qui lui avait été posée :

- Je me présente, je me nomme Larëlla. Je suis envoyée par ma meute, Errances, pour vous présenter nos salutations. Nous sommes un jeune groupe, mais cela fait plusieurs mois que nous parcourions le monde cote à cote. Nous avons simplement... officialisé ceci il y a peu.

L'elfe réfléchi un instant et se souvient soudain d'une des phrases marquées sur le parchemin qu'elle était censée lire

- Nous n'avons aucune intention belliqueuses envers qui que ce soit, tant que le qui en question ne se met pas en travers de notre chemin.

Elle réfléchi à nouveau

- Et pour prouver... un instant d'hésitation notre engagement, c'est ça... Nous organisons un grand marché, dans cinq jours, à Orgrimmar. Tous sont conviés, et l'ambiance sera à la fête pour cette seconde édition de l'évènement.

Elle respire un grand coup, ayant fini de dire le texte qu'elle avait préparé.

*Ealendil prit la direction du repaire. Elle n’avait pas fière allure. Cela faisait plusieurs jours qu’elle harcelait un groupe d’humanoïdes dans les tranchantes. L’affaire semblait mal se présenter car sa mine était défaite. Sa robe en lambeaux, elle passa une autre tenue. Soudain elle entendit une discussion entre « le vieux » et une personne dont l’accent était elfique, Ealendil en eut la certitude. En entrant dans la pièce, elle reconnut d’emblée le tabard de l’elfe : elle faisait partie de la Guilde Errances ! *

Sois la bienvenue, je me nomme Ealendil de Stratholme, j’ai fait la connaissance de deux de vos chevaliers de sang l’autre nuit, c’est donc avec grand plaisir que je vous trouve céans et c’est également avec grand plaisir que je me rendrai au marché que vous organisez. J’ai déjà eu l’occasion de dire à un de nos Sages tout le bien que je pensais de ma rencontre récente. Même si… Hum, soit passons, je ne vais pas m’étendre sur ces détails, après tout, j’ai côtoyé vos semblables pendant mes jeunes années à Stratholme et je connais votre arrogance, je ne me suis donc point offusquée de certaines remarques. (Ealendil sourit amicalement en regardant la jeune elfe).

Alors, dites-en plus sur ce marché ?

L'elfe tourna son regard vers l'arrivante. Elle la salua de la tête, puis répondit :

- Enchantée, dame Ealendil. Je me nomme Larëlla. Notre marché aura lieu dans cinq jours, donc ce samedi, sur la place sud d'Orgrimmar. Tous seront les bienvenus pour acheter ou vendre, et j'ai été désign... elle se reprend et c'est avec un grand plaisir que je m'occuperais de l'animation et de rediriger les gens vers les différents vendeurs. Nous trouvons que les ventes aux enchères sont bien trop coûteuses, aussi pratiquerons-nous des prix raisonnable, et nous demanderons à tous d'en faire autant.

Elle réfléchit un instant puis sors de son sac un parchemin scellé à la cire qu'elle tends à qui voudra le prendre :

Ah, oui, et je devais aussi vous donner ce [Plan de notre tanière], si vous le souhaitez. Et bien sûr, répondre à toute autre question que vous pourriez avoir.

Fasold avait remarqué une hésitation dans le regard de l'elfe. La brusque entrée d'Ealendil avait cependant rompu son attention et il n'y fit pas plus attention.

"Je ne t'ai donc rien appris Ealendil ? Toujours à entrer et à interrompre les conversations ?", dit le vieux Sage avec le sourire en coin.

Il se retourna vers l'elfe les yeux regardant par delà son visage, visiblement concentré. Après quelques instants, le regard se focalisa à nouveau et il prit le plan des mains de l'invitée.

"Nous enverrons une délégation, je pense... Avec un peu de chance, ma jambe me permettra de me déplacer ! Où est ce que ce marché prendra place exactement dans Orgrimmar, l'Elfe ?"

Larëlla reporta son attention sur la personne qui lui avait ouvert :

- Il sera sur la place de la Force, à coté de l'entrée sud de la ville, messire.

"Et bien c'est noté... Larëlla, c'est ça ? Je ne me suis pas présenté. Je suis Fasold, souvent appelé le Vieux, ou le Vénérable par ceux qui ont un peu plus d'estime pour mon âge ancien... Nous viendrons te voir, toi et ta troupe, dans 5 jours à Orgrimmar sur la place de la Force"

Fasold se lève difficilement.

"Tu peux rester si tu veux, Bronrah va te ramener un thé. Je dois me retirer, cependant... Fais comme chez toi !"

Fasold invoque un diablotin qui reste dans la pièce alors qu'il la quitte par le couloir emprunté par la succube précédemment.

Bronrah réapparut du couloir portant un plateau avec du thé et des gâteaux. Le diablotin en profita pour disparaitre dans les ombres.

La succube s'était visiblement changée. Elle portait un tablier de servante et une petite coiffe blanche. Cependant, le tablier ne cachait pas complètement le fouet qui pendait au côté du démon.
Elle déposa le plateau sur la table devant l'elfe et se redressa, un peu trop cambrée, pour paraître naturelle.

"Servez vous, je vous en prie !". Le sourire était mutin et le regard pétillant. Cependant, ces traits semblaient plus tenir de la nature même du démon que d'un quelconque piège.
"Si vous avez besoin d'autres choses, n'hésitez pas à me demander. Les autres membres du clan ne vont pas tarder."

La Succube se retira dans l'autre partie de la pièce où elle se regarda dans le miroir pour admirer son accoutrement et jouer avec son image.

Ealendil regardait la succube s'éloigner, elle n'osa pas se servir de thé, car la substance ressortirait par un trou non colmaté dans son oesophage, une vision qui pourrait rebuter l'elfe.

Dites-moi Larëlla, sauf erreur de ma part, vous ne nous avez pas dit à quelle heure débutera le marché ? Si c'est de nuit, je serai des vôtres, si c'est de jour, je serai - comme à mon habitude - coincée entre 6 planches afin de me ressourcer.

Larëlla rougie légèrement, furieuse contre elle-même d'avoir oublié une information aussi importante.

D'un signe de la tête, elle remercia la succube, puis répondit :

- Cela devrait commencer vers dix-sept heures, ma Dame. Je ne sais si le soleil sera couché à cette heure...

Elle regarda avec une certaine méfiance les gâteaux et le thé, puis pris l'un des gâteaux et se servi une tasse. Après tout, même si cela venait d'un démon, il fallait bien se montrer bien élevée, les autres le lui avait répété.

La Paladine exerça une légère pression sur les portes du Repaire qui grincèrent en s'ouvrant. Esquissant une grimace, elle s'avança, son pas lent et régulier accentué par le tintement mât de son armure de plaque. Son regard balaya les lieux avec minutie puis s'arrêta sur le vénérable Démoniste. Elle salua Fasold d'un signe de tête puis reporta son attention sur l'interlocutrice de ce-dernier.

- Asto're... , souffla t-elle sous l'effet de la surprise.

Elle hasarda un coup d'oeil par dessus son épaule au cas où Gheryon arriverait en chargeant.